avec Nicolas Kempa, Orthophoniste
Porteur de projets en CPTS (Allier)
Les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) ont été créées en 2019. On en dénombrait 391 en activité début 2023, et autant en cours de constitution.
Comment fonctionnent ces communautés de professionnels de santé centrées sur un territoire précis ? Quel est leur rôle ? Pourquoi et comment rejoindre une CPTS ?
Explications avec Nicolas Kempa, interviewé par Docorga, l’alternative à Doctolib des praticiens reglementés.
Qu’est-ce qu’une CPTS ? Définition
L’acronyme CPTS désigne les communautés professionnelles territoriales de santé.
Elles regroupent, sur la base du volontariat et autour d’un projet de santé commun, différents professionnels de santé (médecins, professionnels de la rééducation, etc.). Des acteurs territoriaux du champ médico-social (hôpitaux, Ehpad, etc.) sont également impliqués dans la plupart des CPTS.
Les CPTS ont vocation à répondre aux objectifs suivants :
- Faciliter l’accès aux soins des patients, y compris dans les zones peu dotées.
- Fluidifier les parcours de soins et encourager le maintien à domicile.
- Initier des actions territoriales de prévention ou dépistage.
- Faciliter la réponse aux crises sanitaires.
- Accompagner les praticiens sur leur territoire et favoriser l’échange de bonnes pratiques.
CPTS, maison de santé, centres de santé : quelles différences ?
La CPTS, la maison de santé pluriprofessionnelle et le centre de santé pluriprofessionnel sont trois types de structures subventionnées rassemblant des professionnels et auxiliaires de santé de diverses spécialités. Toutes trois prévoient un exercice coordonné et des actions concertées.
Toutefois, la CPTS se distingue structurellement des maisons et centres de santé par :
- Son caractère dématérialisé (elle ne s’inscrit pas dans un lieu d’exercice).
- Son territoire d’action plus large.
- L’implication plus importante des collectivités territoriales et de structures du territoire (hôpitaux, Ehpad, etc.).
- Un champ qui dépasse la santé au sens strict avec l’intégration possible des acteurs du champ médico-social, voire social.
18 praticiens rédacteurs
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En pratique : exemples d’actions des CPTS
En pratique, le mode d’organisation des CPTS peut notamment se traduire par :
- la mise en place de groupes de travail par thématiques associant plusieurs professions,
- des actions concrètes issues des réflexions de ces groupes.
- la coordination de campagnes spécifiques.
Nicolas Kempa, orthophoniste dans l’Allier, nous cite quelques exemples de projets développés par sa CPTS.
“Notre groupe de travail ‘Attractivité du territoire’ a permis la signature d’une charte entre la CPTS, la communauté d’agglomération, le Conseil départemental de l’Allier et l’hôpital pour un accueil concerté des stagiaires et internes sur le territoire.” Il ajoute : “Le groupe ‘Offre de soins’, lui, a débouché sur un engagement des médecins à dédier des demi-journées de consultation aux patients sans médecin traitant, par exemple les nouveaux arrivants.” Deux illustrations d’une concertation efficace entre les soignants et les collectivités !
Il rappelle également que “les CPTS ont joué un rôle clé dans le déploiement des campagnes de vaccination contre le Covid-19.”
Comment créer ou rejoindre une CPTS ?
👉Créer sa CPTS:
La création d’une CPTS passe par la signature d’un contrat entre les professionnels de santé, la CPAM et l’ARS. Un délai de 10 à 18 mois environ est à prévoir pour l’élaboration du projet et sa concrétisation.Les CPTS prennent généralement la forme d’une association loi 1901, régie par des statuts et un éventuel règlement intérieur.
👉Rejoindre une CPTS :
Rendez-vous sur le site de la fédération FCPTS, qui offre une carte interactive de toutes les CPTS de France. Lorsque vous avez repéré la CPTS en lien avec votre secteur géographique, rendez-vous sur leur page Facebook ou leur site internet. Pour adhérer à la CPTS, il vous faudra remplir un bulletin d’adhésion à remplir (adhésion gratuite). Ils peuvent ensuite s’impliquer à différents degrés (membre fondateur, membre actif, etc.). La CPTS ne peut refuser d’adhérents dès lors que leur fonction et leur situation géographique correspondent à son cadre. Elle ne peut pas, non plus, obliger un professionnel du territoire à adhérer.
Note: adhérer à une CPTS vous donne droit à une bourse de 100€ dans le cadre du FAMI !
La CPTS, une organisation subventionnée
En contrepartie de ses engagements vis-à-vis du territoire (accompagnement, prévention, etc.), la CPTS perçoit des subventions annuelles de la part de l’Assurance maladie. Celles-ci permettent de financer ses actions d’une part, et son fonctionnement d’autre part.
L’accord-cadre pour les CPTS établit le montant maximum de la subvention annuelle en fonction de la démographie du territoire :
- 287 500 € s’il abrite moins 40 000 habitants,
- 382 500 € entre 40 000 et 80 000 habitants,
- 487 500 € entre 80 000 et 175 000 habitants,
- 580 000 € au-delà.
Il est à noter que les ARS (Agences régionales de santé) peuvent également contribuer financièrement à la constitution de CPTS sur leur territoire.
Pourquoi rejoindre une CPTS ?
Rejoindre une CPTS, c’est d’abord prendre part à un projet collectif. La CPTS offre un espace de dialogue appréciable pour des professionnels souvent isolés lorsqu’ils exercent en libéral. Pour les jeunes qui débutent, c’est aussi l’opportunité de développer son réseau et d’apprendre des autres.
Le deuxième atout de la CPTS est la transversalité et l’implication de différentes professions. Pour les professionnels de la rééducation, c’est une opportunité de développer une plus grande proximité avec les médecins. Comme nous l’explique Nicolas Kempa, “Cela peut permettre de leur faire mieux connaître notre métier, nos pratiques et les problématiques que nous traitons. À titre d’exemple, tous les médecins n’ont pas le réflexe d’orienter une personne transgenre ou un malade opéré pour un cancer de la gorge vers un orthophoniste. La CPTS est l’occasion d’échanger plus directement avec eux.”
Enfin, rejoindre une CPTS permet de contribuer à l’émergence d’une dynamique territoriale stimulante et utile aux patients. Les professionnels eux-mêmes ont des avantages directs et concrets à en tirer. La CPTS peut par exemple leur permettre de trouver plus facilement des stagiaires en contribuant à l’attractivité du territoire.
Il est à noter que les ARS (Agences régionales de santé) peuvent également contribuer financièrement à la constitution de CPTS sur leur territoire.
😍 Le témoignage de Nicolas Kempa, orthophoniste
“Je crois beaucoup au mode d’organisation des CPTS. Il se distingue de dispositifs qui ont précédemment existé par sa transversalité.
Les différentes professions sont impliquées ensemble et discutent d’égal à égal. Pour une fois, nous, professionnels de la rééducation, n’avons pas l’impression d’être la dernière roue du carrosse !
Pour ma part, je me suis par exemple retrouvé à la tête d’un groupe de travail sur les AVC. C’est une preuve du nouveau rôle que les CPTS peuvent offrir aux orthophonistes et autres auxiliaires de santé et de la confiance que nous accordent nos collègues.
Bien sûr, le bon fonctionnement d’une CPTS dépend de facteurs humains et des motivations des professionnels impliqués. Si l’organisation est créée avant tout pour profiter des subventions, sans véritable projet collectif, elle perd son sens.”
En conclusion, les CPTS constituent un mode d’organisation souple pour un travail concerté. Elles sont en mesure de faire naître un espace d’échange fertile et tourné vers une meilleure prise en charge des patients sur un territoire. Encore récent, le dispositif a vocation à connaître un nouvel essor lui permettant de se généraliser et de se pérenniser.
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