avec Karine Martin, Equithérapeute
L’équithérapie est une discipline en plein essor qui utilise le cheval comme médiateur dans le processus de guérison et de réadaptation. J’ai eu l’opportunité d’interviewer Karine, une équithérapeute expérimentée, pour en apprendre davantage sur cette profession fascinante.
En quoi consiste le métier ?
L’équithérapie a vu le jour début des années 2000. C’est un professionnel du médico-social qui utilise le cheval comme une voie thérapeutique. L’approche est large : psychique, motrice, sensorielle, sociale…La thérapie est adaptée au patient. Il peut donc à la fois s’adresser en vu d’une :
- rééducation fonctionnelle : exercice moteur et physique de la personne
- personne dépressive : prise en charge psychique ..
Il peut s’agir d’une alternative à d’autres médecines qui n’auraient pas fonctionné.
Votre parcours à vous ?
Je suis psychothérapeute de formation. Amoureuse des chevaux je me suis formé à l’équithérapie à la FENTAC. Il n’existe que 3 écoles de référence en France : la FENTAC, l’IFEQ et la SFE.
Il est indispensable de bien connaître le cheval et d’en avoir deja fait. C’est quand meme le 2e sport le plus dangereux apres la course automobile.
Si vous souhaitez vous lancez, commencez par trouver un centre équestre qui accepte de vous louer l’installation et les chevaux. Il faut faire attention au moment de négocier les tarifs de location. Il existe des indices de référence bien spécifiques sur lesquels s’appuyer. Attention donc a bien s’y référer pour ne pas se faire avoir.
Comment se faire connaître en tant qu’équithérapeute ?
Je n’ai pas eu besoin de plateforme type Doctolib.
J’ai développé ma patientèle en me faisant connaître des institutions locales, grâce au bouche à oreille et à la parution d’articles dans les journaux… Il faut aussi se rapprocher des médecins généralistes car c’est lui qui oriente le patient vers un équithérapeute.
Le patient n’a généralement pas de bourse de la PCO pour l’équithérapie mais peut en revanche en avoir une de la MDPH.
Quelle différence entre Equi coaching, médiation équine et équithérapie ?
Comme son nom l’indique, un équithérapeute est un therapeute, avant tout. Il n’existe que 3 écoles qui y forment sérieusement en France. Le problème est que n’importe qui sur internet et sur les réseaux sociaux peut se proclamer équithérapeute, sans l’être vraiment. Il faut que le professionnel puisse vous montrer un diplôme d’une des trois écoles en question.
Les personnes qui pratiquent l’équicoaching ne sont pas des thérapeutes. Ils sont coach avant tout, et ne sont donc pas dans une dynamique de soins. Ils aident une personne à développer ses capacités dans un domaine. L’équicoahing peut se cumuler à l’équithérapie, mais ne le remplace pas.
Enfin, il existe la médiation équine. La SIPME est une formation courte de médiation équine.
Il existe de nombreux charlatans. C’est la raison pour laquelle beaucoup d’orthophonistes voient d’un œil septique l’équithérapie, comme une profession de santé non reconnue. On a déjà récupéré des patients traumatisés par des pseudos équithérapeutes. C’est un métier qui s’improvise pas. On prend en charge des personnes vulnérables et en souffrance : une mauvaise prise en charge peut avoir des conséquences dramatiques.
La SFE met en garde patient et futur équithérapeute au Charlatasime et comment faire preuve de vigilance.
“De plus en plus de particuliers et d’organismes proposent aujourd’hui des formations d’accompagnement en médiation équine, souvent courtes (de quelques heures à 200 heures), certaines basées sur des fondements spirituels, souvent à des tarifs horaires exorbitants et toujours non encadrés par des thérapeutes spécifiquement formés en équithérapie ou thérapie avec le cheval. Si vous êtes à la recherche d’un équithérapeute, il est absolument nécessaire de se renseigner sur les qualités et la formation de l’équithérapeute en question.
De même des fédérations sportives proposent aujourd’hui des formations en équithérapie/hippothérapie. Attention, il s’agit de fédérations sportives qui n’ont pas les compétences pour dispenser des enseignements en thérapie…”
Comment se démarquer des charlatans ?
Malheureusement, notre profession n’est pas encore réglementée et il n’existe a pas vraiment de moyen de se différencier des charlatans.
Il y a des pratiques très inquiétantes en ce moment, très spirituelle et dangereuse qui desservent notre pratique même si elle est de plus en plus reconnue par le monde médical…. Nous on fait de la thérapie pas de faire du poney ou de l’acclimatation.
Pour faire le ménage des dérives, nous avons besoin d’une réglementation.
L’équithérapie est-elle spécifique au monde rural ?
Il y a des centres équestres partout en ville. L’équithérapie n’est pas du tout spécifique à la campagne. La concentration est même plus importante en ville.
J’ai commencé en région parisienne. Je me déplaçais sur différents centres équestres pour être au plus près des patients.
Existe-t-il un patient type ?
Il n’y a pas de type de patient. Des personnes de tous les âges peuvent consulter. Du nourrisson à la personne age. J’ai aussi travaillé avec des prisonniers. Il est possible de travailler sur des domaines très différents : personne en chômage… sclérose en plaques…
Quel est l’intérêt d’utiliser un cheval en tant que médiateur thérapeutique ?
Le cheval est un tiers qui va faciliter la communication, le fonctionnement psychique du patient. Il entre en interaction et réaction avec le patient (écho ).
Le cheval a une forte symbolique paternelle et maternelle. C’est un animal puissant et lourd qui impose ses règles. Mais il transmet également sa douceur. Pour un patient qui aurait perdu les fonctions motrices, le cheval va avoir un intérêt supplémentaire. Le cheval porte sur son dos le patient. Le mouvement du cheval dans sa marche induit et imprime dans son cavalier un mouvement proche de la marche.
Il est ainsi possible de rééduquer des muscles, des tendons, préparer la personne à remarcher..
Il n’y a pas de dimension spirituelle. L’équithérapeute est assez scientifique et terre à terre.
Combien de temps dure les suivis ?
Les suivis sont long terme et récurrents : en général, 1h, 1 fois par semaine.
Comment évaluer vous l’efficacité du “traitement” ?
On fait un bilan au début de la prise en charge. On a une grille d’évaluation qui permet de mesurer /d’évaluer les progrès de notre patient.
Êtes-vous membre d’une association ?
Je suis cofondatrice de la SFE (la société française d’équithérapie). C’est le syndicat des médiateurs équin et des équithérapeutes.